"Peintre symboliste, paysagiste et décorateur". Extraits de mémoire de Maîtrise d'Histoire de l'Art, Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, 2001. G. Neau
Pour en savoir plus sur Marcel-Béronneau et son œuvre, vous pouvez consulter un exemplaire de mon mémoire disponible à Paris, à la documentation du Musée d'Orsay ainsi qu'à Bordeaux, au Musée des Beaux- Arts et à l'université Michel de Montaigne. |
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Mouvement littéraire dans un premier temps, le Symbolisme fut rendu officiel le 18 septembre 1886 par Jean Moréas qu’il définit ainsi dans son Manifeste[1] : « Ennemie de l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective, la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d'une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l'Idée, demeurerait sujette ». Etendu aux beaux-arts, ce concept est consacré en 1891 par George-Albert Aurier qui établit ainsi les préceptes de l’art symboliste : « L’œuvre d’art devra être premièrement idéiste, puisque son idéal unique sera l’expression de l’idée, deuxièmement symboliste puisqu’elle exprimera cette idée en forme, troisièmement synthétique puisqu’elle écrira ses formes, ses signes selon un mode de compréhension général, quatrièmement subjective puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet mais en tant que signe perçu par le sujet, cinquièmement l’œuvre d’art devra être décorative ».[2] Le symbolisme s’étend jusqu’aux premières manifestations des « avant-gardes » en 1905, date qui le clôture officiellement. Toutefois, ses pratiques restent très présentes au-delà de cette fourchette chronologique et perdurent jusque dans les années 40, par les illustrations de peintres symbolistes dits de seconde génération tels que Marcel-Béronneau mais aussi Edgar Maxence[3] ou Frank Kupka[4].
Au moment où plusieurs courants philosophiques rejettent le monde contemporain, synonyme de misère, de division, de conflits, le symbolisme fait reapparaître les anciens mythes, et oppose au monde réel un Age d’or idéalisé ou un Moyen Age idyllique. Cette prospection découlait d’une réaction contre les excès du positivisme et du réalisme des générations précédentes.
En réalité, le recours à la mythologie n’est pas chose nouvelle dans la culture visuelle occidentale mais l’originalité du symbolisme réside dans son investissement d’une relecture critique des mythes. Gustave Moreau, par exemple, assimile le mythe comme point de départ de l’invention poétique et du réveil des aspirations intérieures assoupies au sein de la conscience. Redon poursuit cette voie en traduisant cette même conception particulièrement introspective de l’inspiration. Ainsi, l’artiste symboliste s’assigne pour tâche de révéler au public l’expression suggestive d’une réalité immanente, de dévoiler les thèmes qui traversent l’histoire de l’humanité (la mort, le destin, le désir, etc.) au-delà de la forme précieuse et archaïque des mythes qui les portent.
En outre, les domaines d’application du symbolisme ne sont pas restreints à la peinture, mais s’infiltrent aussi bien dans la littérature, la sculpture, le théâtre, la photographie, les arts décoratifs ou encore la musique et la danse. Le cinéma pouvait également en être un moyen d’expression et encore dans les années 50 de nombreux films d’Hitchcock, très inspirés des mythes symbolistes, en témoignent brillamment.
L’exposition récente, Hitchcock et l’art. Coïncidences fatales[5], a permis justement de mettre en avant la richesse des influences artistiques sur l’œuvre cinématographique d’Hitchcock, et a révélé de nombreuses connexions avec les thèmes les plus emblématiques du Symbolisme.
[1] Jean Moréas, Un manifeste littéraire- Le Symbolisme, publié dans la revue du Figaro le samedi 18 septembre 1886.
[2] Publié dans la revue « Le Mercure de France » de 1891.
[3] Edgar Maxence (Nantes 1871 – La Bernerie-en-Retz 1954).
[4] Frantisek Kupka (Opocno (Bohême) 1871 – Puteaux 1957).
[5] Centre Pompidou, Paris, du 6 juin au 24 septembre 2001
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