Deux versants de sa production : symbolisme et peinture traditionnelle.

Après un apprentissage très appliqué au sein de l’Ecole, enrichi par l’intervention de Gustave Moreau, le peintre bordelais manifeste son entrée dans le monde professionnel de l’art avec l’œuvre Muse[1] qu’il expose au Salon des Artistes français de 1895. C’est alors le début d’une double carrière artistique qu’il mènera parallèlement pratiquement toute sa vie : d’un côté il suit l’exemple de Gustave Moreau en reprenant les mêmes thèmes symbolistes tout en affirmant sa propre personnalité et son caractère, de l’autre il reste beaucoup plus « sage » en traduisant les thèmes très conventionnels dans une facture traditionnelle qui lui valent ses premières commandes de l’Etat. Celles-ci ont principalement lieu jusque dans les dix premières années du XXe siècle : les œuvres sont distribuées dans divers établissements de France, Dans l’atelier 17 au musée de Clermont-Ferrand en 1897, La femme au chat noir 18 au Palais Bourbon en 1898, Heure dernière 26 au musée des beaux-arts de Bordeaux en 1899, Douloureuse station 27 au musée de Valence en 1900, Dans l’attente 31 au musée de Bagnères-de-Bigorre en 1903 ou Les œufs sur le plat au musée de Chaumont en 1904.

Cependant, le premier volet de la production de Marcel-Béronneau reste certainement le plus abondant. Hanté par le mythe de la femme fatale, il ne cesse d’en peindre les plus grandes figures telles que Salomé, Judith ou Sapho mais aussi les personnages victimes de leurs charmes. Outre l’influence incontestable de Gustave Moreau, les débuts de l’artiste dans cette veine symboliste sont imprégnés du mysticisme des Rose-Croix pour lesquels il expose au salon de 1897 une série de tableaux dont Les anges dans les ruines[2]. Si le choix des acquisitions de l’Etat ne se portait au départ que sur des œuvres aux thèmes traditionnels et académiques, il commence à s’émanciper de celles-ci pour se répercuter enfin sur des peintures de grandes figures symbolistes pour lesquelles Marcel-Béronneau est enfin reconnu en 1907. Aux alentours de cette date, il peut enfin posséder son propre atelier et quitte ainsi celui qu’il partageait avec Rouault pour se situer au n°11 de l’Impasse Ronsin à Paris.

Ainsi en 1910, l’Etat achète Angelico puis en 1911, La femme nue ;-symphonie blanc et or et en 1912, A qui la pomme ? 91. Mais la plus importante commande que Béronneau reçoit de l’Etat est certainement celle de la même année, Salomé danse pour Hérode 85, carton de tapisserie destiné à être tissé par et pour la Manufacture nationale des Gobelins (ce qui ne sera réalisé qu’à partir de 1923).



[1] Catalogue illustré du Salon des Artistes français de 1895.

[2] Mentionnée par l’article de Henri Wytenhove dans la revue du Louvre et des musées de France ( Vol. II p. 44-45), l’œuvre en question n’est pourtant pas énumérée dans la liste donnée par le catalogue des Expositions du Salon rosicrucien de 1897 (biblio.) reproduite dans le tableau des salons du Vol. II p. 3.

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