L’influence des œuvres préraphaélites

Les œuvres symbolistes de Marcel-Béronneau à ses débuts témoignent d’une propreté et d’une finesse d’exécution qui s’appuient sur un certain réalisme les détachant nettement des œuvres futures au traité plus ample et plus énervé. Les œuvres Ophélie 47, Sainte-Cécile 51 ou Sapho 52 sont des exemples de cette série qui fut très inspirée de l’esthétique préraphaélite et dont un échantillon figure dans les collections du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux.

Les préraphaélites se présentaient comme une confrérie « The Preraphaelite Brotherhood » qu’ils fondèrent en 1848 pour réagir contre le caractère conventionnel de l’art victorien et le manque d’idéal de l’ère industrielle. Leurs recherches consistaient à retrouver, à travers une inspiration littéraire et symbolique, légendaire ou biblique, « la pureté » du quattrocento. Idéalisme de l’inspiration mais aussi métier et fini scrupuleux caractérisent les œuvres de Dante Gabriel Rossetti, lyrique et romantique, de William Holman Hunt, obsédé par l’exactitude de l’anecdote et du détail, de John Everett Millais, plus sentimental, qui sont les membres les plus représentatifs de cette association. La courte période de celle-ci, éteinte en 1853, fut de loin dépassée par la portée de leur esprit et par leur influence souvent reconnues comme les sources du symbolisme[1].

Après une génération de peintres qui s’étend du symbolisme ésotérique de Gustave Moreau à celui plus classique de Puvis de Chavannes, c’est une seconde génération symboliste qui reprend cette leçon et en intègre de nombreux éléments dans leurs œuvres. Parmi eux, Marcel-Béronneau s’intéressait particulièrement aux œuvres de D. G. Rossetti, dont il devait connaître, entre autres, Beata Beatrix (1872) et surtout Le Rêve éveillé (1880).

La jeune Ophélie est représentée de profil, le regard perdu et fuyant, le visage juvénile, ses cheveux, coiffés sous une couronne de fleurs, tombent sur ses épaules dénudées, son buste se fond dans un décor végétal, qui l’habille et l’enserre dans sa floraison. Image d’une femme vulnérable, fragile et désespérée, son portrait est confronté à la nature qui se retrouve encore dans les motifs floraux sculptés sur le cadre.



[1] Dictionnaire de peinture et de sculpture du XIXè siècle, J-P Breuille, Larousse 1993.

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